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12 novembre 2007

Le Premier Cri

Un film documentaire de Gilles de Maistre, qui vaut le coup d'œil, mais peut-être pas le détour.

Ce renouveau du documentaire revêt une certaine importance de nos jours. Alors qu'une unique civilisation impérialiste domine l'industrie cinématographique (du moins, en France), on est ravi d'aller voir un film français d'une part, et à vocation universelle d'autre part. La trame est bien sûr l'accouchement, ou plutôt la manière de le vivre et de le percevoir aux quatre coins du monde. Une mexicaine, une japonaise, une africaine du Sahara, une Masaï, une québécoise, une viêtnamienne, une sibérienne, une indienne... On peut déplorer l'absence d'une chinoise et d'une sud-américaine hispanophone, mais ce serait de la mauvaise foi. Impressionnant panel de cultures, vastes pérégrinations à travers le monde, me direz-vous !

Oui, mais c'est précisément là que le bât blesse. Ce tableau fort appétissant nous met l'eau à la bouche, et au bout de quatre grossesses, on se dit qu'on va plonger dans les quatre cultures. On s'apprête à comprendre les raisons des unes et des autres, les choix et les psychologies de leurs entourages, les coutumes de leurs aïeux... Il faut préciser également que le réalisateur ne s'est pas contenté d'aller à la maternité de la capitale ! Il a trouvé des accouchements hors-norme, dont on souhaite vraiment comprendre les attraits et les risques.

Mais pas du tout ! Le nouveau-né vient au monde, sa maman l'aime, son papa aussi, et le spectateur, lui, quitte ces gens sans les connaître. Pourquoi donc ? Nul ne le sait. La narration virevolte sans cesse d'un pays à l'autre, d'un peuple à un autre, et on a à peine le temps d'écouter la voix off évoquer très rapidement le contexte social de la naissance. Certains éléments vaudraient pourtant le coup ! La naissance traditionnelle japonaise pourrait être expliquée, comme celle des rives de l'Amazone ! Pourquoi survoler, surcharger ? Pourquoi ne pas faire de ces histoires exceptionnelles des portes d'entrée pour aller vers les autres, et entrevoir dans ce rite fondateur la complexité d'une autre culture ? On perçoit quelques particularités aux travers des brèves images, mais jamais de recul, jamais d'explication, jamais de parti pris...

En bref, une grande déception pour moi qui m'attendais à une vraie exploration d'une cellule familiale si fondamentale pour tous les ethnologues du monde. Mettre ces différences en exergue aurait révélé un vrai talent pédagogique, et magnifié des images qui n'en paraissent que plus plates. Cet ennui n'a que l'avantage de nous rappeler qu'en Russie, en Amérique ou en Asie, rien ne ressemble plus à un nouveau-né qu'un autre nouveau-né, fut-il distant de 10 000 kilomètres ! A notre sortie du cinéma résonnait la superbe chanson Russians de Sting, qui dit pour moi bien plus de choses en cinq minutes que cette oeuvre en une heure et quarante minutes.

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